Les grossesses gémellaires sont rares et même si elles sont à risques, tout se passe pour le mieux la plupart du temps. Cependant, parfois, un grand malheur s’abat sur les parents et la famille quand un des jumeaux vient à disparaître.
Sur cette situation si particulière, Nathalie Z et Aurélie CONSTANTIN ont témoigné en relatant leur vécu, leur ressenti et les réactions de l’entourage souvent réconfortant, quelques fois inadaptées et synonymes de souffrance supplémentaire.
Perdre un jumeau à l’aube de la vie propose un regard de professionnel et d’analyste en s’appuyant sur des récits recueillis. La première partie Une quête infinie, expose les images dans lesquelles le jumeau esseulé pourrait se reconnaître ou reconnaître sa sœur, son frère perdu. Ces identifications se manifestent à travers des personnages cinématographiques (et donc accessibles à un jeune enfant) ou via un animal de compagnie choyé notamment. Ces interprétations souvent intéressantes peuvent, apparaître étranges comme cela est le cas avec les figures mythiques comme Nessy, le monstre du Loch Ness, ou le calamars géant de Jules Verne. La proximité phonétique entre Nessy et Naissance ne fonctionnant qu’en français, ne semble pas suffisamment convaincante pour tracer un parallèle et imaginer que le jumeau solitaire puisse y reconnaître l’être perdu. Beaucoup de références illustratives tirées de la littérature sont proposées sans persuader car elles ne sont pas représentatives et non liées aux problématiques spécifiques du jumeau esseulé.
La seconde partie est consacrée à Eliane, jumelle esseulée, devenue adulte. C’est un portrait thérapeutique singulier puisqu’il a été fait sur une base d’échanges écrits. Benoît BAYLE explique cette démarche, son intérêt et ses limites. Certains passages détaillent de manière appuyée les difficultés de l’entreprise, passages qui s’éloignent du cœur du sujet sur des problématiques périphériques. Ce portrait cependant, souligne bien les violences que certains mots peuvent avoir et leurs répercussions à court, moyen et long terme.
La troisième partie consacrée à la gémellité perdue revient, tout d’abord, sur le témoignage de Nathalie Z et de son époux par un entretien à distance de leur récit initial et avec une orientation professionnelle. Ensuite, le développement se poursuit tout en finesse et c’est réellement la partie la plus intéressante de ce livre. La perte d’un jumeau est nécessairement un choc, une douleur, mais la manière dont ce malheureux événement va être intégré et vécu au sein de la cellule familiale est déterminante. De plus, avec les progrès de la médecine et du suivi des grossesses, il est possible aujourd’hui de déterminer très rapidement dans la grossesse la présence de deux embryons. Ce n’était pas le cas auparavant et nombre de grossesses gémellaires interrompues sont donc passées inaperçues. La question d’une conscience supra embryonnaire est posée avec nuances, certains comportements pouvant en être la manifestation. Le développement met en lumière les interactions entre le vécu des parents, le ressenti au sein de la famille parfois élargie, le sentiment des enfants.
Dans le domaine de la psyché, comme souvent ailleurs, il n’y a pas de certitude mais des hypothèses plus ou moins confirmées. Perdre un jumeau à l’aube de la vie a l’immense intérêt de proposer un regard de professionnel sur un sujet très confidentiel et délaissé.
Pour aller plus loin ; Le forum Jumeau solitaire et les livres sur la prématurité.
5 autres livres qui pourraient vous intéresser :
- Nathalie Z : L’un sans l’autre
- Karin KOTSOGLOU : L’enfant prématuré
- Aurélie CONSTANTIN : Mon ciel et ma terre
- Ayala BORGHINI et Carole MULLER NIX : Un étrange petit inconnu : La rencontre avec l’enfant né prématuré
- Christian DAGEVILLE : Le début de la vie d’un grand prématuré expliqué à ses parents
La quatrième de couverture :
Perdre un jumeau à l’aube de la vie est une épreuve douloureuse, souvent ignorée par les proches et la société. Pour bien des gens, la venue au monde de l’un des jumeaux efface la perte de l’autre enfant, comme si celui-ci n’avait jamais existé. Cette attitude est une véritable offense pour les parents qui se sont préparés à accueillir deux enfants.
Mais ce deuil soulève aussi des questions inhabituelles. Le jumeau survivant a partagé l’utérus maternel. Il a perçu durant la grossesse cette présence vivante, qui soudainement se fait silence. Quelle place occupera cette expérience singulière au cours de son développement ?
Cet ouvrage cherche à comprendre les enjeux de ce deuil singulier. Comment l’accompagner et trouver le ton juste, sans rendre obsédante la présence du jumeau mort, ni banaliser ou nier sa perte ? Pour les familles comme pour les professionnels qui sont à leurs côtés, il s’agit de relever le véritable défi d’affronter la douleur de la perte et de s’occuper du bébé survivant. Ce sujet est ici traité de façon vivante à travers le récit autobiographique d’une jumelle qui a perdu sa soeur à la naissance, le portait «thérapeutique» d’une autre jumelle, un entretien avec des parents confrontés à ce deuil particulier, et une étude psychologique approfondie.
Benoît Bayle est psychiatre des hôpitaux au centre hospitalier Henri-Ey de Bonneval (28), responsable d’un centre médico-psychologique adulte à Chartres et d’une unité de psychologie périnatale à Châteaudun. Également titulaire d’un doctorat de philosophie, il préside le comité d’éthique de cet établissement.
Béatrice Asfaux a perdu sa soeur jumelle peu après la naissance. Titulaire d’un DEA de philosophie, l’écriture lui a permis de partir à la quête d’un sens et d’une possible renaissance…
Détails :
Broché: 224 pages
Editeur : Erès (17 janvier 2013)
Collection : La vie de l’enfant
Langue : Français
ISBN-10: 2749236274
ISBN-13: 978-2749236278
Dimensions du produit: 22 x 14 x 2 cm
